1968, c'est l'année des Beatles (le "double blanc") et des Stones (Beggars Banquet), des Zombies (Odessey and Oracle) et des Kinks (The Village Green Preservation Society), des Pretty Things (S.F. Sorrow) et de Van Morisson (Astral Weeks)... C'est aussi, côté américain, l'année du Jimi Hendrix Experience et de Soft Machine (dont le premier album a été enregistré à New York), de Dr. John et de Blood, Sweat & Tears, du Band (sans Bob Dylan) et des Byrds (avec Gram Parsons), ainsi que de Frank Zappa (et ses Mothers of Invention), Jefferson Airplane, Grateful Dead et bien sûr les Beach Boys, nos surfeurs bien-aimés pourtant au creux de la vague...
Et puis, pour rester sur la côte Ouest, quelques formations obscures, absentes des dictionnaires du rock, telle Fifty Foot Hose (et son extraordinaire Cauldron) ou encore J.K. & Co. (Suddenly One Summer), projet unique d'un gamin de 15 ans... Et d'autres encore, déjà plus connues, comme The United States of America (The United States of America), le groupe formé par Joseph Byrd et Dorothy Moskowicz... et, last but not least, The Millennium (Begin), l'ensemble musical, dit de sunshine pop, réuni par Curt Boettcher.
The Millennium
Back to California. Voici Curt Boettcher, en chapeau claque et col roulé, son visage passe-partout éclairé d'un air rêveur. Sans doute songe-t-il à l'une de ses prochaines productions. Mais laquelle? Ce garçon stable et doux d'apparence ne tient pas en place. Est-ce d'avoir suivi les pérégrinations d'un père officier de marine? Le quartet folk The Goldebriars l'a mené à Los Angeles. Là il a produit The Association, monté l'éphémère The Ballroom avec le chanteur Sandy Salisbury, rencontré Gary Usher et Brian Wilson. On est en 1966 et l'ordre du jour ici est de renverser l'ordre imposé par l'invasion britannique: non plus le groupe avant la musique mais la musique avant le groupe… quitte à ce que celui-ci n'ait d'existence que virtuelle. C'est en fait rétablir une certaine orthodoxie pop et des pratiques anciennes, au risque de "projets" sans visage, aussitôt évaporés que sortis du studio. The Millennium n'a duré ainsi qu'un album. Autour de Curt Boettcher on trouve Keith Olsen, Doug Rhodes et Ron Edgar, trois transfuges de Music Machine; Lee Mallory et Sandy Salisbury, deux habitués de la bande; plus Mike Fennelly et Joey Stec. Tout ce petit monde assemblé pour peaufiner treize titres en prenant son temps - Begin est réputé comme une des productions les plus coûteuses de 1968. Pop typique de l'époque, sophistiquée, sans aspérités, presque sans nerf. Pourtant sous l'apparence impersonnelle se jouaient parfois de petites histoires. Ça pouvait être une ode bénigne de Boettcher à sa douce Claudia ("To Claudia on Thursday"), gentiment psyché: "sing me a song without a sound / and I will hear it through the ground..." Ou le plus consistant et mystérieux "Karmic Dream Sequence #1", inspiré à Sandy Salisbury par la dernière visite faite à sa grand-mère - lui avait-elle préparé une omelette aux champignons? "In lovely walled stone city streets you are in everyone I meet..." Un voile coloré jeté d'une main légère sur tous les drames. (François Gorin, "The Millennium, rêverie californienne", sur le blog "Les disques rayés", 27 juillet 2017)
Begin: I Just Want to Be Your Friend - 5 A.M. - The Island - The Know It All - Karmic Dream Sequence #1
Et puis, pour rester sur la côte Ouest, quelques formations obscures, absentes des dictionnaires du rock, telle Fifty Foot Hose (et son extraordinaire Cauldron) ou encore J.K. & Co. (Suddenly One Summer), projet unique d'un gamin de 15 ans... Et d'autres encore, déjà plus connues, comme The United States of America (The United States of America), le groupe formé par Joseph Byrd et Dorothy Moskowicz... et, last but not least, The Millennium (Begin), l'ensemble musical, dit de sunshine pop, réuni par Curt Boettcher.
The Millennium
Back to California. Voici Curt Boettcher, en chapeau claque et col roulé, son visage passe-partout éclairé d'un air rêveur. Sans doute songe-t-il à l'une de ses prochaines productions. Mais laquelle? Ce garçon stable et doux d'apparence ne tient pas en place. Est-ce d'avoir suivi les pérégrinations d'un père officier de marine? Le quartet folk The Goldebriars l'a mené à Los Angeles. Là il a produit The Association, monté l'éphémère The Ballroom avec le chanteur Sandy Salisbury, rencontré Gary Usher et Brian Wilson. On est en 1966 et l'ordre du jour ici est de renverser l'ordre imposé par l'invasion britannique: non plus le groupe avant la musique mais la musique avant le groupe… quitte à ce que celui-ci n'ait d'existence que virtuelle. C'est en fait rétablir une certaine orthodoxie pop et des pratiques anciennes, au risque de "projets" sans visage, aussitôt évaporés que sortis du studio. The Millennium n'a duré ainsi qu'un album. Autour de Curt Boettcher on trouve Keith Olsen, Doug Rhodes et Ron Edgar, trois transfuges de Music Machine; Lee Mallory et Sandy Salisbury, deux habitués de la bande; plus Mike Fennelly et Joey Stec. Tout ce petit monde assemblé pour peaufiner treize titres en prenant son temps - Begin est réputé comme une des productions les plus coûteuses de 1968. Pop typique de l'époque, sophistiquée, sans aspérités, presque sans nerf. Pourtant sous l'apparence impersonnelle se jouaient parfois de petites histoires. Ça pouvait être une ode bénigne de Boettcher à sa douce Claudia ("To Claudia on Thursday"), gentiment psyché: "sing me a song without a sound / and I will hear it through the ground..." Ou le plus consistant et mystérieux "Karmic Dream Sequence #1", inspiré à Sandy Salisbury par la dernière visite faite à sa grand-mère - lui avait-elle préparé une omelette aux champignons? "In lovely walled stone city streets you are in everyone I meet..." Un voile coloré jeté d'une main légère sur tous les drames. (François Gorin, "The Millennium, rêverie californienne", sur le blog "Les disques rayés", 27 juillet 2017)
Begin: I Just Want to Be Your Friend - 5 A.M. - The Island - The Know It All - Karmic Dream Sequence #1
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