The Young Rascals
Qui dit "L'oreille est hardie" dit Hal Roach, le producteur de la majorité des Laurel et Hardy, mais aussi des Petites canailles (The Little Rascals, suite de Our Gang). Et qui dit The Little Rascals, dit The Young Rascals, le meilleur groupe (avec les Righteous Brothers) de ce qu'on appelle la blue-eyed soul, le temps d'une olympiade (1964-1968), avant de se renommer The Rascals (exit le Young), d'abandonner leur "jeunesse" (et leurs tenues ridicules: chasubles à cols ronds, petites cravates et culottes de golf), de s'éveiller politiquement (dans l'esprit des mouvements contestataires de l'époque) et, il faut bien l'avouer, s'égarer musicalement, à travers une soul plus impersonnelle, loin de ce qui faisait le charme des débuts.
The Young Rascals: Felix Cavaliere (1942 - chant, claviers) — Eddie Brigati (1946 - chant, percussions) — Gene Cornish (1945 - guitare) — Dino Danelli (1944 - batterie).
"Astucieusement, les Young Rascals sauront coller aux bouleversements musicaux de ces années folles; en l'espace de quelques mois, pour mieux se démarquer du rhythm'n'blues délayé des groupes de la British invasion, la musique populaire noire a opéré une subtile mutation: d'un genre encore marqué par la gestuelle du doo-woop, on est passé à une proto-soul dont la capitale est Detroit (Michigan) et le modèle les productions de Holland-Dozier-Holland et de Smokey Robinson pour Tamla Motown.
Cette évolution est faite sur mesure pour les Young Rascals, qui disposent, en Eddie Brigati et Felix Cavaliere, d'interprètes idéaux pour durcir leurs chansons. Cavaliere en particulier chante avec un timbre rauque, parfois plaintif, mais aussi bourré d'énergie. (...) Le somptueux "Groovin'" (avril 1967) va devenir l'un des titres les plus inoubliables du Summer of love, l'été 1967. "Groovin'" est une symphonie soul d'autant plus efficace que son artillerie est soigneusement camouflée par les arrangements faussement simples d'Arif Mardin: on y entend des oiseaux qui chantent (dans Central Park, sans doute), un harmonica rêveur, une batterie d'accords de piano doo-wop (mais dont les harmonies de septième et de onzième évoquent les Four Tops et Stevie Wonder) et une rythmique chaloupée merveilleusement paresseuse, qui sent l'été, chaude comme un baiser. Sur ce fond musical d'une incroyable tendresse, Cavaliere peut se laisser porter et chanter le bonheur de faire l'amour un dimanche après-midi. Cette pop-là est faite pour des adultes qui savent ne pas rougir." (Philippe Auclair)
A lire:
— Philippe Auclair (aka Louis Philippe), Dictionnaire du rock, M-Z (dir. Michka Assayas), Robert Laffont, 2000, pp. 1529-1531.
TOP 10 (+1):
A lire:
— Philippe Auclair (aka Louis Philippe), Dictionnaire du rock, M-Z (dir. Michka Assayas), Robert Laffont, 2000, pp. 1529-1531.
— Didier Delinotte, New York Sixties, Camion Blanc, 2019, The Young Rascals.
TOP 10 (+1):
— I Ain't Gonna Eat Out My Heart Anymore (Pam Sawyer - Lori Burton, 1965)
— You Better Run (Felix Cavaliere - Eddie Brigati, 1966)
— (I've Been) Lonely Too Long (Felix Cavaliere - Eddie Brigati, 1967)
— Groovin' (Felix Cavaliere - Eddie Brigati, 1967)
— A Girl Like You (Felix Cavaliere - Eddie Brigati, 1967)
— It's Love (Felix Cavaliere - Eddie Brigati, 1967)
— How Can I Be Sure (Felix Cavaliere - Eddie Brigati, 1967)
— Find Somebody (Felix Cavaliere - Eddie Brigati, 1967)
— I Don't Love Anymore (Gene Cornish, 1967)
— It's Wonderful (Felix Cavaliere - Eddie Brigati, 1967)
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