The Left Banke: Michael Brown (1949-2015 - claviers), George Cameron (1947-2018 - guitare puis batterie), Warren David-Schierhorst (batterie avant que Cameron ne le remplace), Tom Feher (1947-2018 - guitare et claviers), Tom Finn (1948 - basse), Steve Martin Caro (1948-2020 - chant), Jeff Winfield (1948-2009 - guitare).
On ne présente plus The Left Banke, maître incontesté et véritable prince de ce qu'on appelle la "pop baroque" (on dit aussi "pop de chambre", mais c'est moins classe), longtemps oublié mais qui aujourd'hui, depuis même une bonne quinzaine d'années, a enfin acquis ses lettres de noblesse. Il y avait eu une amorce en 1992, à l'occasion de la sortie chez Mercury de la compilation There's Gonna Be a Storm - The Complete Recording 1966-1969, où l'on trouvait la quasi totalité des chansons du groupe, avec, dans la foulée, le texte de Christophe Conte, publié dans Les Inrockuptibles (le mensuel). Et depuis, les nombreux témoignages de musiciens admirateurs, de Sean O'Hagan (The High Llamas) et Bob Stanley (Saint Etienne) à Mehdi Zannad (Fugu) et Xavier Boyer (Tahiti 80)... Donc The Left Banke, avec un "e" à la fin - pour faire plus ancien, genre "vieille Angleterre", oui c'est pédant, mais c'était la mode à l'époque -, soit "la rive gauche" (à New York, ce serait où?), dont l'essentiel - quoi qu'en dise Tom Finn, le dernier du groupe encore en vie (1), qui a aussi composé de jolies chansons (pour le second album, cf. infra les bonus) - tient aux mélodies de Mike Brown, à son jeu de clavecin, justement "baroque" (que magnifient, du moins sur le premier album, les arrangements de John Abbott et du père de Mike, le violoniste de jazz Harry Lookofsky, comme sur "Walk Away Renée", avec son quatuor à cordes et son solo de flûte), ses compositions savantes, parfois nées d'une erreur dans le changement d'accord, comme sur "Pretty Ballerina", autre merveille - écrite également en hommage à Renée Fladen, la petite amie, en 1966, de Tom Finn - dont Leonard Bernstein a dit qu'elle était construite (la chanson, pas Renée) en combinant modes lydien et mixolydien, "une sorte de son turc ou grec"! fallait y penser... le sommet de ces compositions, en termes de complexité harmonique, étant peut-être "She's Alone", écrite par Brown pour Montage (un autre groupe - après The Left Banke et avant Stories et les Beckies - qui ne sortira qu'un seul album en 1969)... bref les mélodies de Brown, mais aussi la voix somptueuse de Steve Martin (Carmelo Esteban Martin Caro) qui avait de qui tenir, la maman était chanteuse de flamenco, et dont Philippe Auclair dit, à propos du timbre, qu'il ressemble à celui de Marc Almond, "justesse d'intonation et registre en plus".
(1) ajout du 29 juin 2020: Aïe, j'ai parlé trop vite, Tom Finn vient de mourir lui aussi, c'était il y a deux jours. En cinq ans, c'est tout le groupe qui a disparu - si on considère les membres fondateurs (Brown, Cameron, Martin Caro et Finn) auxquels il faut ajouter Winfield et Feher. De cette époque, il ne reste finalement que... Renée Fladen.
On ne présente plus The Left Banke, maître incontesté et véritable prince de ce qu'on appelle la "pop baroque" (on dit aussi "pop de chambre", mais c'est moins classe), longtemps oublié mais qui aujourd'hui, depuis même une bonne quinzaine d'années, a enfin acquis ses lettres de noblesse. Il y avait eu une amorce en 1992, à l'occasion de la sortie chez Mercury de la compilation There's Gonna Be a Storm - The Complete Recording 1966-1969, où l'on trouvait la quasi totalité des chansons du groupe, avec, dans la foulée, le texte de Christophe Conte, publié dans Les Inrockuptibles (le mensuel). Et depuis, les nombreux témoignages de musiciens admirateurs, de Sean O'Hagan (The High Llamas) et Bob Stanley (Saint Etienne) à Mehdi Zannad (Fugu) et Xavier Boyer (Tahiti 80)... Donc The Left Banke, avec un "e" à la fin - pour faire plus ancien, genre "vieille Angleterre", oui c'est pédant, mais c'était la mode à l'époque -, soit "la rive gauche" (à New York, ce serait où?), dont l'essentiel - quoi qu'en dise Tom Finn, le dernier du groupe encore en vie (1), qui a aussi composé de jolies chansons (pour le second album, cf. infra les bonus) - tient aux mélodies de Mike Brown, à son jeu de clavecin, justement "baroque" (que magnifient, du moins sur le premier album, les arrangements de John Abbott et du père de Mike, le violoniste de jazz Harry Lookofsky, comme sur "Walk Away Renée", avec son quatuor à cordes et son solo de flûte), ses compositions savantes, parfois nées d'une erreur dans le changement d'accord, comme sur "Pretty Ballerina", autre merveille - écrite également en hommage à Renée Fladen, la petite amie, en 1966, de Tom Finn - dont Leonard Bernstein a dit qu'elle était construite (la chanson, pas Renée) en combinant modes lydien et mixolydien, "une sorte de son turc ou grec"! fallait y penser... le sommet de ces compositions, en termes de complexité harmonique, étant peut-être "She's Alone", écrite par Brown pour Montage (un autre groupe - après The Left Banke et avant Stories et les Beckies - qui ne sortira qu'un seul album en 1969)... bref les mélodies de Brown, mais aussi la voix somptueuse de Steve Martin (Carmelo Esteban Martin Caro) qui avait de qui tenir, la maman était chanteuse de flamenco, et dont Philippe Auclair dit, à propos du timbre, qu'il ressemble à celui de Marc Almond, "justesse d'intonation et registre en plus".
(1) ajout du 29 juin 2020: Aïe, j'ai parlé trop vite, Tom Finn vient de mourir lui aussi, c'était il y a deux jours. En cinq ans, c'est tout le groupe qui a disparu - si on considère les membres fondateurs (Brown, Cameron, Martin Caro et Finn) auxquels il faut ajouter Winfield et Feher. De cette époque, il ne reste finalement que... Renée Fladen.
"Desirée", probablement ma chanson préférée du groupe. J'en avais fait un clip, à partir d'un extrait de l'Amour l'après-midi, le film de Rohmer.
TOP 10(+3):
The Left Banke:
- Walk Away Renée (Michael Brown - Bob Callili - Tony Sansone), single, juillet 1966 + Walk Away Renée/Pretty Ballerina, février 1967.
- Pretty Ballerina (Michael Brown), single, décembre 1966 + Walk Away Renée/Pretty Ballerina.
- Ivy Ivy (Michael Brown - Tom Feher), single, mars 1967.
- She May Call You Up Tonight (Michael Brown - Steve Martin), Walk Away Renée/Pretty Ballerina.
- Barterers and Their Wives (Michael Brown - Tom Feher), Walk Away Renée/Pretty Ballerina.
- I've Got Something on My Mind (Michael Brown - Steve Martin - George Cameron), Walk Away Renée/Pretty Ballerina.
- Shadows Breaking Over My Head (Michael Brown - Steve Martin), Walk Away Renée/Pretty Ballerina.
- Desirée (Michael Brown - Tom Feher), single, juin 1967 + The Left Banke Too, novembre 1968.
- Myrah (Michael Brown - Steve Martin), single, novembre 1969.
+ Two By Two (I'm Losing You) (Michael Brown), single de Steve Martin, 1971.
Montage:
- I Shall Call Her Mary (Michael Brown - Tom Feher)
- She's Alone (Michael Brown - Bert Sommer)
- Grand Pianist (Michael Brown - Bert Sommer)
Bonus:
- Dark Is the Bark (George Cameron - Tom Finn - Steve Martin) / My Friend Today (Tom Finn), single, juin 1968.
- Nice to See You (Tom Finn), The Left Banke Too.
A lire:
- Christophe Conte, "Les enfants du baroque", Les Inrockuptibles n°40, novembre 1992.
- Bob Stanley, Baroque and a soft place, The Guardian, 21/09/2007.
- Scott Schinder, Walk Away Renée/Pretty Ballerina, brochure du CD édité en 2011.
- Philippe Auclair (aka Louis Philippe), Dictionnaire du rock, A-L (dir. Michka Assayas), Robert Laffont, 2014 (nouvelle édition), pp. 1448-1450.
A écouter:
- Michka Assayas, Hommage à The Left Banke, éclaireurs entre rock et baroque, dans l'émission "Very Good Trip" (France Inter) du 18/03/2020.
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