The French Dispatch de Wes Anderson (2021).
En 2021, j’ai aimé (par ordre alphabétique): A l’abordage (Guillaume Brac), Baleh-baleh (Pascale Bodet), Compartiment n°6 (Juha Kuosmanen), Cry Macho (Clint Eastwood), Journal de Tûoa (Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes), Memoria (Apichatpong Weerasethakul), Petite Maman (Céline Sciamma)...
Et puis, ce qui constituera mon Top 10 (toujours par ordre alphabétique):
- Les Amants sacrifiés de Kiyoshi Kurosawa
- Benedetta de Paul Verhoeven
- Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi
- First Cow de Kelly Reichardt
- The French Dispatch de Wes Anderson
- Mandibules de Quentin Dupieux
- Old de M. Night Shyamalan
- Onada d'Arthur Harari
- Tralala de Jean-Marie et Arnaud Larrieu
- Tre piani de Nanni Moretti
+ France - Nouvelle-Zélande (rugby).
[ajout du 02-01-22]:
The Card Counter de Paul Schrader.
I trust my life to Providence, I trust my soul to Grace... c'est le credo on ne peut plus schradérien (la prédestination) tatoué sur le dos de William Tell (Oscar Isaac), un ancien de la guerre en Irak, qui est allé en prison pour ce qu'il a fait là-bas, et aujourd'hui gambler, le "compteur de cartes" du titre. William Tell, écho à Guillaume Tell (le personnage est aussi précis dans ses gestes que l'homme à l'arbalète, la référence va même plus loin) et plus encore au théologien protestant Paul Tillich (le vrai nom de Tell dans le film)... The Card Counter, au climat envoûtant, à l'image de la bande originale signée Robert Levon Been, mixe un fond luthérien (le discours que tient Tell à Cirk son protégé) et une forme davantage calviniste (cf. la chambre du motel que Tell épure au maximum en recouvrant les meubles de draps blancs). Cette foi redoublée qui imprègne le film, via le chemin que suit Will Tell ("will tell", ce que le film nous "dira" au bout du compte à travers son personnage, comme dans Pickpocket de Bresson – cf. le finale), de casino en casino, de parties de poker en parties de black-jack, est suffisamment marquée pour que, dans ce haut lieu symbole du capitalisme qu'est le casino, et les thèmes qui lui sont associés (l'argent, la dette...), le héros ne s'y perde pas (il se contente de gains "modestes", en dépit de ses talents – il compte et mémorise les cartes), et qu'au dernier moment, il délaisse l'affrontement attendu avec Mr. USA (le joueur-rival), combat dérisoire au regard de ce qu'il doit accomplir, contre l'infâme Gordo (Dafoe of course), un des chefs impunis d'Abou Ghraib, sous les ordres duquel Tell, victime du "tilt", a torturé lui aussi (mais lui le paya de huit ans de prison), véritable trauma qui depuis hante ses nuits mais dont il ne s'agit pas de se libérer (nul désir de vengeance, nul besoin d'expier ou de se sacrifier), simplement accomplir ce qui doit être accompli, pour le "fils", et pour cela s'en remettre, via ce face-à-face (hors champ) avec Gordo, le double tortionnaire, au principe adopté en tant que joueur avec la roulette: rouge ou noir, tu ne joues qu'une fois la couleur, tu perds ou tu gagnes et après tu t'en vas... Ici seul avec la mort ou de nouveau en prison, peu importe, ce qui compte c'est l'amour dont finalement tu auras témoigné. Sola gratia.
Voilà c'est fini. Pour 2021 la liste est close.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé Onoda, Old, First Cow, The French Dispatch.
Avez-vous vu ceux-là?
_ Le peuple loup, de Tomm Moore & Ross Stewart
_ Madres paralelas, de P. Almodovar
_ Belle, de Mamoru Hosoda
_ Le Grand duel, de R. Scott
(vous avez oublié le "i" initial à Kiyoshi)
Madres paralelas, plutôt bien aimé malgré un récit un peu forcé... le Dernier Duel vu aussi, une bonne surprise.
SupprimerKiyoshi, je fais régulièrement la faute, je corrige merci
C'est quoi Baleh-Baleh ?
RépondreSupprimerBaleh-baleh est un très beau film, très attachant à l'image de sa réalisatrice, le portrait d'un homme (Laurent Poutrel) autour de la question du travail, il est menuisier de son état, comme il y a eu dans d'autres documentaires de Pascale Bodet les portraits d'un jardinier et d'un pêcheur de palourdes... là, on part d'un conte oriental (le conte du tailleur de pierres japonais... "ah si seulement j'étais riche pour pouvoir reposer sur un baleh-baleh au klambu de soie rouge"...), sur lequel le protagoniste est appelé à réfléchir, à méditer, avec lequel il va cheminer, car on se balade beaucoup dans le film qui suit ainsi les promenades de Laurent et son petit chien Joël, entre chez lui et le bord de mer. Vraiment un beau film à découvrir.
SupprimerEt le Spielberg ?
RépondreSupprimerBien aimé West Side Story mais pas suffisamment pour qu'il intègre mon Top 10. Le film est à l'image de ses chorégraphies, réglé au millimètre, comme... du papier à musique, avec tous ces mouvements de caméra qui reproduisent le graphisme aussi bien d'une partition musicale que de Manhattan... On comprend l'attrait de Spielberg pour WSS, le film de Wise où étaient déjà présentes, annoncées dès le générique de Bass, toutes ces lignes horizontales et ces vues à la verticale, préfigurant son propre style (la Louma est apparue quinze ans plus tard)... Spielberg les rend plus dynamiques encore, ça drone un max dans son adaptation du West Side Story d'origine qui est aussi un hommage au film de Wise, en plus gris, moins bariolé... ce qui fait que ce que j'aime dans le film c'est ce que j'aimais déjà dans le Wise, et inversement, que ce que je n'y aime pas c'est ce que je n'aimais pas déjà dans la première version (le côté figé, théâtre filmé, des "scènes parlées")... Si le film n'apporte pas grand-chose de plus par rapport au Wise, hormis donc la grue, mais aussi le couple Bernardo-Anita (comparé au couple vedette Tony-Maria ici mal assorti, on dirait un couple de patinage artistique, et assez insipide) et la choré d'"America", plan-séquence wellesien d'une virtuosité incroyable... on saura gré à Spielberg de n'avoir pas trop poussé le politiquement correct, cherchant plutôt à actualiser les situations (la discrimination raciale à l'égard des Portoricains plus qu'une simple guerre de quartier entre deux bandes, le personnage d'Anybodys qui passe de "garçon manqué" à non-binaire...). Bref un très bon film, que je préfère à Annette pour rester dans le musical, et dont on peut regretter qu'il n'attire pas plus les foules (les gens préfèrent les Tuche et les jeunes, Spider-Man, ce qui n'est pas une réelle surprise), mais qui ne justifie pas non plus l'enthousiasme un brin excessif de la critique
SupprimerC'est quoi un "plan-séquence wellesien" ?
SupprimerÇa par exemple
SupprimerVotre appel à voir les films de Wes Anderson deux fois semble avoir été entendu quand on lit le dernier édito des Cahiers.
RépondreSupprimerHa ha... pure coïncidence, les Cahiers ne s'intéressent pas à ce que je peux raconter sur mon blog
SupprimerUn conseil : "The Card Counter", grand retour inattendu de Paul Schrader, pourrait intégrer votre top 10
RépondreSupprimerPas encore vu mais oui pourquoi pas...
SupprimerGhostbusters: Afterlife est un vrai film de "revenants" (plus que le dernier Spiderman), et bien meilleur que Le déni cosmique (avec Di Caprio & Lawrence).
SupprimerPas vu non plus mais je veux bien croire qu'il soit à voir, surtout s'il se démarque des premiers Ghostbusters que je n'ai jamais aimés.
SupprimerVu The Card Counter, le film est fascinant en effet, je le rajoute à ma liste...
SupprimerEt Tromperie ?
SupprimerComment ça "Bof..." ?
SupprimerLe film est irritant par cette espèce de "connivence intellectuelle" qu'il y règne tout du long, entre l'écrivain et sa maîtresse, mais aussi entre Desplechin et ses personnages dans sa façon de "penser" chaque plan, de filmer savamment leurs échanges pour que ça ne fasse pas théâtre, donnant à l'ensemble un côté très factice, où chacun finalement est dans son rôle, qu'il campe sans véritablement évoluer, lui (Podalydès) admiratif de l'esprit de la femme dont il va pouvoir se servir pour écrire son roman, elle (Seydoux) se piquant au jeu qu'elle ponctue régulièrement de petits sourires en coin et parfois de larmes, quant à sa vie conjugale, sans que ça prête à conséquence... C'est brillant, certains diront subtil, mais c'est aussi très sage, ça manque de perversité, l'aspect vampirique de l'écrivain est abordé sur le seul mode de la plaisanterie (peut-être parce que ça concerne Desplechin autant que Roth)... bref il ne ressort du film que la finesse d'esprit des personnages et ça finit par agacer (seul le personnage de l'épouse jouée par Anouk Grinberg est émouvant)
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