vendredi 30 juillet 2021

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Journal de Tûoa de Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes (2021).

Ce cher mois d'août.

(attention spoiler) — Journal de Tûoa, c'est Ce cher mois d'août en mode confiné: le cinéma à la ferme avec chiens, paons, perroquets et papillons (+ les moustiques)... des coings qui pourrissent et une équipe qui s'occupe comme elle peut... C'est filmé au gré de l'inspiration, il y a le film et la fabrique du film, comme toujours chez Gomes, il y a aussi des "codes couleurs" inspirées de Pavese ("les lampes et les réflecteurs, qui éclairaient les arbres, changèrent magiquement de couleur, et nous fûmes tour à tour verts, rouges, jaunes")... et, last but not least, la chronologie est inversée ("août" est devenu "tûoa"), ce qui fait que le plus beau est au début (qui est la fin), ce qui fait surtout qu'on peut divulguer la fin (qui est au début), la fin de l'histoire, si on peut appeler ça une histoire, en tous les cas avec une scène de baiser, comme il se doit dans une histoire à trois, avec une fille et deux garçons. Vous avez le beau mec (Carloto, l'acteur-fétiche de Gomes, il jouait l'amant dans la partie africaine/coloniale de Tabou), censé être celui que Crista (Shéhérazade dans les Mille et Une Nuits) embrassera à la fin, donc au début, sauf que cet idiot a fauté au milieu du film (là, ça marche dans les deux sens) en quittant la ferme lors du jour de repos (pour aller faire du surf) et que, du coup, il a peut-être contracté le virus... Et ça, Crista l'a mauvaise. Va-t-elle l'embrasser quand même? Faux suspense puisque la réponse nous a été donnée d'entrée, Crista embrassant l'autre, le petit frisotté (João)... De sorte que si on se replace au début du film (soit le dernier jour de tournage), la question se trouve modifiée (et le suspense par la même occasion): qu'a bien pu faire le bel aventurier de Tabou pour que Shéhérazade le snobe à ce point? D'accord, j'ai vendu la mèche, mais peu importe... ce qui compte, c'est que la question ainsi posée, finalement, est plus marrante que celle qu'aurait posé le film — quant au choix de Crista — si Carloto n'était pas allé surfer et que la chronologie était restée à l'endroit. Bref, j'ai bien aimé.

Bonus: The Night par Frankie Valli & The Four Seasons.

2 commentaires:

  1. Ce que je trouve très beau dans le montage à l'envers), c'est que l'inquiétude exprimée par l'équipe (aux premiers jours du tournage) apporte de la gravité dans la deuxième partie. Et que l'insouciance perçue au début (du film) est celle acquise par l'équipe, quant à la réussite d'un pari de cinéma. Il y a le sentiment d'avoir passé un cap, et de ne plus s'inquiéter du résultat, on laisse le film et le tournage (qui ici se confondent) décider par eux-mêmes de ce que ça va donner et il n'y a plus qu'à accompagner tout ça.

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    1. Oui c'est vrai... cette inversion donne toute sa force au film, c'est ce que j'ai essayé d'exprimer de façon humoristique à travers l'anecdote du baiser.

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