Evening Star Supercharger, Sparklehorse, 2023.
Heureux de lire sous la plume de François Gorin que Matt Linkous, le frère de Mark, qui a supervisé, avec sa compagne Melissa Moore, Bird Machine, l'album posthume de Sparklehorse, explique qu'avant son suicide Mark "écoutait beaucoup les Kinks, les Beatles et ses collègues de Grandaddy". Si "Evening Star Supercharger" évoque merveilleusement Ray Davies, comme le souligne Gorin, cette inclination à la pop chez Mark Linkous était déjà présente sur son précédent album, Dreamt for Light Years in the Belly of a Moutain, le dernier de son vivant, publié en 2006. Il s'y décelait, sur certains morceaux, une inspiration très beatlesienne. Lire ainsi ce que j'en disais il y a un an:
Dreamt for Light Years in the Belly of a Mountain est le quatrième et dernier album de Sparklehorse. Quand il est sorti, en 2006, j'avais été, comment dire, non pas déçu mais désorienté. C’est qu’après le sublime It’s a Wonderful Life, tout nouvel album ne pouvait apparaître qu’en retrait. Comme il y a de grands films malades, Dreamt for Light Years... est un grand album malade. Visiblement Linkous a souffert pour mener à bien son projet. On sent chez lui l'envie de sortir de son registre neurasthénique, mais, en même temps, s'y perçoit, à mesure que l'album avance, cette pente qui perpétuellement le replonge dans les affres de la mélancolie... Les premiers morceaux, plus épurés que d’habitude (je pense à "Shade and Honey", déjà entendu sur un maxi single, puis utilisé — via Alessandro Nivola — dans la BO du film de Lisa Chodolenko, Laurel Canyon), sont ainsi teintés de pop, une pop assez inattendue puisque c’est carrément la musique des Beatles qui se trouve convoquée (de "Don’t Take My Sunshine Away" à "Some Sweet Day", très harrisonien, en passant par "See the Light" qui semble suivre, du moins au départ, la ligne de "Dear Prudence")... Pour autant, pas d’envolée, tout ça reste confiné et quand survient "Morning Hollow", qui n’est autre que le morceau caché de It’s a Wonderful Life, celui qu’on entendait, sans qu’il soit mentionné, à la toute fin de l’album, on comprend que le léger enjouement du début n’était qu’illusion. Le dernier morceau de Dreamt for Light Years..., très minimaliste, est peut-être ce que Linkous a composé de plus terrifiant. Quasi comateux, comme si on se trouvait dans une salle de réa, bercé par le son lancinant des appareils de monitoring, dans l'attente d'une fin qui ne viendrait pas... L'écouter aujourd'hui confère à l'album des accents encore plus déchirants.
Quant à Bird Machine, c'est plus de la moitié de l'album qui regorge de pépites pop: Kind Ghosts — Evening Star Supercharger — O Child — Falling Down — Daddy's Gone — Chaos of Universe — Everybody's Gone to Sleep — The Scull of Lucia...
Sinon, les deux premiers albums de Sparklehorse:
Bonjour, c'est une belle découverte pour moi. C'est toujours bizarre ces morts qui sortent des albums...
RépondreSupprimerCe petit titre est plus joyeux que ceux de Linkous:
https://www.youtube.com/watch?v=6x7KyWCOFa0
Ah oui Amor Blitz, excellent !
SupprimerEh oui. Vraiment un super titre qui reste dans la tête.
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