samedi 18 février 2023

De l'art hongien


La Romancière, le Film et le Heureux Hasard de Hong Sang-soo (2022).

Il n'y a que trois vraies rencontres dans la Romancière... dans la mesure où celle du début avec la libraire n'en est pas vraiment une (elle n'est pas le fruit du hasard): la rencontre avec le réalisateur et sa femme, la rencontre avec l'actrice et la rencontre avec le vieux poète. Trois rencontres comme autant de notes qui, successivement, se dégagent du film, à la manière d'un parfum: la note de tête (la première — avec le réalisateur —, pas spécialement agréable, qu'on est impatient de voir disparaître); la note de cœur (la deuxième — avec Kim Min-hee, la muse de Hong Sang-soo, ici fagotée comme l'as de pique — la plus agréable qu'on aimerait voir durer); la note de fond (la troisième — avec le poète —, c'est elle la plus tenace, qui ravive des souvenirs qu'on voudrait oublier). Trois temps qui font une journée, en noir et blanc, d'un blanc laiteux (les arrières-plans sont volontairement cramés), clarté trop vive, qui est celle d'un présent qu'on désire le plus intense, le plus "pur" aussi (mot-clé du film), plus facile à exprimer par des signes (les quatre vers du poème) que par des mots... présent dont on sait malgré tout l'éphémère (beau moment que cette autre rencontre, quasi rossellinienne, avec le visage d'une enfant saisi derrière une vitre), et que, pour qu'il s'éternise, au-delà de la traditionnelle scène d'ivresse, ici plutôt sobre (on y boit que du makgeolli comme dans la Femme qui s'est enfuie, peut-être parce que les bouteilles ressemblent à des bouteilles de lait) il devienne film, image fixée pour toujours, celle en couleurs de Min-hee composant un bouquet de marguerites. L'épiphanie.

(à compléter, une fois vu Walk Up qui semble être un précipité de l'art hongien)

A venir aussi, quelques mots sur This Stupid World, le dernier album (magnifique) de Yo La Tengo...

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