lundi 18 janvier 2021

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Flammes d'Adolfo Arrieta (1978).

Le site de l'INA a mis en ligne Flammes, le film d'Arrieta qu'elle avait produit et qui fut diffusé à la télévision en 1979 (le film était sorti en salle l'année d'avant). C'est un bonheur de le revoir, tel que j'en avais gardé le souvenir, lorsque je l'avais découvert en 2003 au cinéma Les 3 Luxembourg, dans le cadre d'une "carte blanche à la revue La Lettre du cinéma" (Arrieta était présent). Film que j'ai revu dix ans plus tard, dans la version restaurée par Capricci et, gage d'autorité, supervisée par Arrieta lui-même (le film bénéficiait également d'un nouveau montage) et Thierry Arbogart, le chef opérateur du film. Une restauration numérique 4K à partir de négatifs 16mm, les seuls exploitables (aux dires de Capricci, les copies originales étant trop abîmées). Avec le résultat que l'on sait: un massacre, que ce soit au niveau des couleurs, du contraste, de la luminosité... Je m'en étais indigné... m'indignant aussi d'être le seul à trouver le résultat indigne.

D'où mes propos, pour le moins acerbes, quand était sortie cette nouvelle version:

Revoir Flammes fut un véritable déchirement. Où sont passées les couleurs? Plus que Ravel (Ma mère l'Oye), c'est Souchon ("L'amour à la machine") qui m'a accompagné tout au long du film:
Passez notre amour à la machine / Faites le bouillir / Pour voir si les couleurs d'origine / Peuvent revenir / Est-ce qu'on peut ravoir à l'eau de Javel? / Des sentiments / La blancheur qu'on croyait éternelle / Avant / Pour retrouver le rose initial / De ta joue, devenue pâle / Le bleu de nos baisers du début / Tant d'azur, perdu... 
Réponse: non, version bouillue version foutue, les couleurs ne sont pas revenues. C'est même pire... Flammes passé à la machine numérique. DCP: Délavage Couleurs Paquet. La lessive qui décape tout... A l'arrivée: une image sans aucun piqué, une lumière complètement écrasée, des couleurs affreusement passées ("calcairisées", comme disait à l'époque l'"intrigante Sylvia C." sur mon blog... bah oui, en plus sans Calgon), où seul le rouge - mais quel rouge! un rouge pompier! - ressortait... Bref, une horreur.

De sorte que c'est encore le DVD qui passait le mieux... A condition de regarder le film "directement" sur son propre écran (et non de s'en remettre à une projection DCP, au résultat toujours médiocre).

La version qu'on peut donc voir sur le site de l'INA, correspondant à celle qui est passée à la télévision, permet de se rendre compte de ce qu'était la copie d'origine, en dépit du transfert, concernant notamment les couleurs qui dans l'obscurité tiraient sur le bleu (parfois un peu trop) - la nuit: noire quand on la regarde de l'intérieur à travers les fenêtres, bleue quand on est à l'extérieur (dixit Arrieta) -, le côté bland par moments de certains plans... autrement dit, la beauté imparfaite de l'argentique, bien plus proche de la réalité que ce que croit nous offrir le numérique, sachant que, comme le rappelle Arrieta au début du petit entretien qui précède le film: la réalité c'est magique... 




Bonus: trois photogrammes, extraits respectivement:

- en haut à gauche, d'un DVD — celui qui a servi à la projection du film au Festival de Belfort en 2009?
- en haut à droite, de la bande-annonce de la version "restaurée" (les guillemets s'imposent) par Capricci en 2013
- en bas, du film diffusé à la télévision en 1979, tel qu'on peut le voir sur le site de l'INA. Comme on dit, et si je puis dire: "Y a pas photo!" Sauf que l'image - aux couleurs pas toujours stables quand on voit le film - se trouve rognée, sur les côtés et surtout en bas, dans sa partie inférieure, effet du transfert télé probablement.

On notera d'ailleurs que seules les versions DVD présentent l'image 4/3 dans sa totalité.


D'où pour conclure: une quatrième photo, extraite du DVD édité par Re:Voir. Peut-être le meilleur compromis (en termes de rafraîchissement, au niveau couleurs, et de respect du cadre), à défaut de pouvoir comparer avec la copie d'origine.

2 commentaires:

  1. Le piqué, ça pique un peu... La 2ème image est honteuse. Et Arrieta a validé ça ??

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    1. Faut croire... à l'époque il y avait eu une discussion sur le sujet, c'était l'époque (révolue) où l'on venait discuter sur mon blog, discussion d'où il ressortait qu'Arrieta était aussi le premier responsable de ce qui était arrivé à son film dans la mesure où c'est lui qui détériorait les copies d'origine (ici une copie 16mm), en les remodifiant sans cesse sur son ordinateur (et pas seulement le montage), autant de nouvelles versions qui supprimaient les précédentes, expliquant que Capricci n'ait pu s'en servir pour la restauration du film... Après il y a peut-être aussi une différence, via les multiples traitements numériques, entre le résultat obtenu par le scan des négatifs (ainsi que le ré-étalonnage) et l'aspect définitif lors de la projection... Reste qu'aujourd'hui une copie 35mm de Flammes, même si c'est du 16mm gonflé, est infiniment plus belle que cette copie restaurée numériquement à partir des négatifs d'origine, même si c'était le bon format.

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