Syd Barrett, raconté par Nick Kent. Texte paru dans Les Inrockuptibles n°46, juin 1993, à l'occasion de la sortie de What Colour Is Sound, son œuvre en coffret complétée de versions inédites, alors que, comme l'écrit le magazine dans son chapô, "l'elfe lysersique [depuis disparu] parlait toujours aux murs de sa chambre".
Bien avant les grand-messes moutonnières, les batailles juridiques saumâtres, le cynisme mercantile le plus abject, Pink Floyd est le plus brillant groupe pop du Londres psychédélique. Son fondateur et leader s'appelle Syd Barrett, jeune garçon talentueux au regard charbonneux et aux boucles pasoliniennes, la tête dans les étoiles. Viré après The Piper at the Gates of Dawn, Barrett enregistre deux albums solo et cahotiques, puis, le cerveau dissous par l'acide, claque définitivement la porte au monde et s'en retourne végéter chez sa mère.
Un cerf-volant perdu dans les nuages.
Au début vint le Floyd. Puis le vide, the void. Comme ce soir-là, dans les coulisses d'un club londonien où le groupe se prépare à jouer, alors que le Summer of love s'apprête à éclore. Syd Barrett s'explose en milliers de petits fragments psychédéliques. Ses yeux, noircis au khôl, se creusent, se gonflent en un regard vitreux. Sa chevelure est pire encore: elle semble jaillir de son crâne, comme les gerbes d'un feu d'artifice mal orchestré. Impossible de communiquer avec lui de toute la soirée. Il reste affalé sur une chaise, hallucinant, face à un miroir sale renvoyant sa propre image. Pendant ce temps, les autres s'occupent: ils s'amusent, comparent leurs fringues hippie à la mode ou accordent leur guitare. En fait, c'est Rick Wright, le claviériste, qui est chargé d'accorder les instruments. Roger Waters est malheureusement atteint d'amusie et, à ce stade, disons que Syd est aussi préoccupé par l'idée de rester accordé pendant le concert que par celle de réussir un solo de guitare à peu près cohérent. Toutes choses qui le dépassent. L'anarchie la plus complète règne dans son psychisme, écrasant sa musique et son inspiration. Les trois autres membres du groupe attendent sur scène, prêts à commencer, quand Barrett, face à la glace de sa loge, se réveille enfin de ses rêveries et de son sommeil narcissiques. D'un geste, il vide le contenu d'une boîte de puissants tranquillisants (connus sous le nom de Mandrax) et, sur une table, commence à broyer les cachets en minuscules morceaux. Il s'empare ensuite d'une grande bouteille de Brylcream, un gel pour cheveux extrêmement huileux, qu'il vide entièrement sur les pilules concassées. Il plonge ensuite ses deux mains dans cette infâme bouillie, la soulève et se la renverse sur la tête, laissant le mélange s'infiltrer doucement dans sa crinière avant de s'écouler le long de son cou. Il se tourne, prend sa Telecaster blanche - couverte de petits disques en miroir - et avance d'un pas incertain sur la scène.
Un quart d'heure plus tard, alors que les tam-tams commencent à installer une ambiance de transe, la basse entame son bourdonnement pesant et l'orgue s'envole vers une tentative de solo à la coloration orientale bourrée de clichés. Mais tout le monde voit bien que Syd, jusque-là leader du groupe, n'est plus sur la même planète que ses trois acolytes. A l'occasion, il réussit bien à produire quelques sons décousus, à laisser courir son slide sur le manche de sa guitare. Mais tout ce qu'il fait semble si désordonné, si fragmenté qu'on a l'impression de le voir jouer seul, sans aucun contact avec les autres. A ce point, les projecteurs ont suffisamment chauffé la scène pour que sa lotion capillaire à l'acide commence à couler en plusieurs torrents huileux et grotesques le long de son cou et sur son front, alors que ce qui reste des pilules concassées se colle à son visage. Là, tous se rendent compte à quel point les choses ne tournent pas rond, tant Syd, devant ses amis et ses fans, devient sa propre caricature de cire immolée, une effigie de chair fondante et de tissu cérébral en décomposition.
Il existe une photo de Syd Barrett, prise bien avant la descente aux enfers. On y voit un jeune ado mignon, 16 ans tout juste, les jambes croisées, assis dans le jardin de la somptueuse maison de sa mère, à Cambridge, en train de jouer avec un chaton. Les vêtements sont simples, les cheveux ni trop longs ni trop courts, mais le jeune homme a déjà l'allure pionnière d'une génération anglaise à qui ont dit "Vous n'avez jamais eu autant de chance". Une génération consciente de sa beauté et de son charme, certaine de son futur glorieux. Dans les yeux de Syd Barrett, un éclair semble dire "Je n'y peux rien si j'ai de la chance." Impossible de résister à ce sourire malicieux. Cette photo vaut la peine d'être longuement observée, car quelques deux ans plus tard, le scintillement du regard et l'éclat des pommettes se seront cruellement envolés, peut-être pour toujours. L'image révèle aussi les origines de Syd Barrett. Un nid gentil et doux, au cœur de la bourgeoisie de Cambridge. Barrett est né dans cette atmosphère raréfiée. L'un des cinq enfants du docteur Max Barrett, médecin légiste (expert de la mortalité infantile), il a toujours été un écolier apprécié, consciencieux et doué pour l'art, Syd Barrett plaît aux filles.
Storm Thorgeson, lui aussi originaire de Cambridge, travailla longtemps aux côtés de Pink Floyd, pour qui il réalisa des pochettes. Il se souvient d'un "garçon intelligent et extraverti. En 1962, nous étions tous fans de Jimmy Smith. 1963 apporta la drogue et le rock. Syd fut l'un des premiers à s'intéresser aux Beatles et aux Stones. Il fumait de la dope, draguait les filles, rien d'anormal. Aucun problème en apparence. D'après mes souvenirs, il n'avait rien d'un introverti."
L'année de la photo, il a déjà rejoint son premier groupe, Geoff Mott and The Mottoes, groupuscule timide qui grattouille des reprises de Cliff Richard ou des Shadows sous surveillance parentale. Barrett abandonne rapidement ses camarades pour tenir le rôle éphémère de bassiste dans une jeune formation rock'n'roll, les Hollering Blues. A l'époque, il joue régulièrement dans les clubs folk de la ville, notamment au Mill. Partout où de jeunes gens se réunissent pour jouer des chansons des Beatles et fumer des joints dans un jardin public, il est de la partie.
Puis viennent les Architectural Abdabs - ou les T-Set, comme ils se baptisaient parfois. Cinq membres, trois étudiants en architecture, un guitariste de jazz (Bob Close) et le plus jeune (Roger Keith Barrett, étudiant en art fraîchement débarqué à Londres). Barrett, comme la plupart des enfants, est affublé d'un surnom qui reste parfois bien longtemps après l'école. Le sien est Syd. Le plus intéressant des trois architectes s'appelle Roger Waters. C'est un ancien ami de Barrett à Cambridge, mesurant presque deux mètres, il déteste les gens et les drogues qui commencent à graviter autour du groupe. Waters est animé d'une terrible rage intérieure, lui qui ne s'implique dans un projet qu'à condition de le contrôler de bout en bout. Son principal allié, le batteur Nick Mason, un étudiant londonien, vient lui aussi de la haute société, d'un milieu de luxe et de voitures de sport. Il est plus joyeux alcoolique que hippie. Pour finir la présentation, un autre Londonien: Richard Wright, jeune écervelé qui a fréquenté la même université que Waters et Mason, qui fume du hash, écoute un peu de jazz et se débrouille sur un clavier. D'un avis général, le groupe est très mauvais. Mais comme deux des membres viennent des cercles très élitistes du vieux Cambridge, ils sont respectés par principe. Du moins dans leur coin.
Avant l'avènement de Pink Floyd, Barrett a trois passions dans la vie: la musique, la peinture et la religion. Certains camarades d'université, plus âgés, commencent à s'impliquer dans une forme obscure de mysticisme oriental connue sous le nom de "Sant mat" ou "Le Sentier des Maîtres". Ils pratiquent de longues séances de méditation, de contemplation de la Pureté et de la Lumière Intérieure et recherchent la Sagesse dans les énigmes cosmiques. Syd est tenté par cette foi, mais est vite rejeté à cause de son jeune âge (19 ans à l'époque). Ce rejet semble l'avoir profondément touché. "Syd a toujours eu comme une phobie pour son âge", affirme Peter Barnes, qui s'intéressa aux chemins tortueux de l'esprit de Barrett après la séparation du Floyd. "Lorsqu'on essayait de l'amener dans un studio pour enregistrer, il restait sur la défensive en disant 'J'ai seulement 24 ans, je suis jeune, j'ai tout mon temps.' Cette phobie pourrait bien remonter à cette histoire de religion."
En tout cas, Barrett perd tout intérêt pour la religion après l'incident et abandonne peu de temps après la peinture. C'est dommage, car son talent vient de lui faire obtenir une bourse pour étudier à la prestigieuse école d'art de Camberwell, dans la banlieue londonienne de Peckham. David Gilmour et Storm eux-mêmes se souviennent des peintures de Barrett comme exceptionnellement prometteuses. "Syd était un grand artiste. J'adorais son travail, mais il arrêta tout. D'abord la religion, puis la peinture. Il a alors commencé à s'éteindre doucement." Ne lui reste alors que la musique, les Abdabs.
Mais intéressons-nous plutôt au "Pink Floyd Sound", en fait l'ancien groupe moins Bob Close, qui n'a jamais vraiment fait l'affaire. Le nom de "Pink Floyd Sound" est une idée de Syd, d'après un de ses disques de blues où figurent deux musiciens de Géorgie: Pink Anderson et Floyd Council. Les deux prénoms vont bien ensemble, alors... Le groupe n'est pas encore très inspiré: pas de compositions originales, seulement de longues et libres adaptations de "Louie Louie" et "Roadrunner", dans lesquelles sont très inégalement insufflés des passages de guitare au hachoir, du bruit blanc et des solos d'orgue à charmer les serpents. A cette époque, à la fin de 1966, le "freak-out" démarre aux Etats-unis. C'est l'année de "Happening ten years time ago", des Yardbirds et des premiers croassements léthargiques de la Côte Ouest - sans oublier Revolver et "Eight Miles High". Tout est prêt pour le Summer of love, pour la fiesta psychédélique de 1967.
Peter Jenner - conférencier à la London School of Economics - et John "Hoppy" Hopkins, deux personnages actifs du contre-courant culturel anglais des années 60, se trouve dans le public pour l'un des premiers concerts londoniens du groupe. Ils sont tellement impressionnés qu'ils proposent de devenir les managers attitrés de Pink Floyd. Jenner admet aujourd'hui que c'est l'un des premiers concerts auquel il ait assisté. "Je ne connaissais pas grand-chose au rock." De fait, Jenner et Hopkins avaient déjà offert leurs services à un groupe de New York dont ils avaient écouté une cassette demo... le Velvet Underground. "A l'époque, le Floyd était à peine semi-professionnel. Mais j'ai été impressionné par le son de la guitare électrique. Le groupe était juste sur le point de se séparer. C'était bizarre. Ils pensaient tout arrêter, mais comme nous sommes intervenus, ils ont changé d'avis."
Leurs premiers coups d'éclat underground: ajouter des jeux de lumière pendant les concerts qu'ils organisent à l'UFO. Jenner et Hopkins sont alors les messies du réseau alternatif-underground britannique. En s'alliant à ce duo, le Floyd devient vite l'étendard du mouvement underground britannique. Il ne lui reste alors plus qu'à écrire des compositions originales.
C'est à ce moment-là que Syd Barrett se révèle précieux. Il n'a pourtant jamais vraiment composé. Juste un bout de nonsense écrit à 16 ans, "Effervescing Elefant", et une adaptation musicale d'un poème tiré d'Ulysse de James Joyce, "Golden Hair". Voilà son seul bagage au début du Floyd, comme se souvient Jenner: "Syd était incroyablement doué, d'une étonnante créativité. Les chansons de la première période Pink Floyd ont été écrites en moins de six mois. C'est lui qui a tout fait." Le premier exemple du talent de compositeur de Barrett est un morceau bizarre, Arnold Layne, l'histoire d'un travesti qui vole des dessous féminins accrochés aux fils à linge dans une banlieue - il l'a écrite à partir d'observations réelles. Le morceau est bizarre, extrêmement controversé et très hip, avec ses passages d'orgue à la Fellini et la voix de Barrett qui, d'un ton monotone, figé et fondamentalement anglais, mène le bal.
Le Floyd devient vite la coqueluche du Londres branché. A cette époque, leur musique est très naïve, mais possède déjà suffisamment de tranchant pour arracher des louanges à Brian Epstein sur une radio française, déclaration reprise dans toutes les revues à la mode. Pink Floyd joue même "Pow R. Toc H." [et "Astronomy Domine"] dans The Look of the Week, une émission de télé avant-gardiste qui passe tard le soir. A propos de la créativité de Syd, Jenner se souvient "qu'il était influencé par les Stones, les Beatles, les Byrds et Love. Il avait usé jusqu'à la trame son Between the Buttons des Stones, ainsi que l'album de Love. Un jour, j'ai essayé de lui parler d'une chanson d'Arthur Lee dont je ne me rappelais plus le titre. Je lui ai juste fredonné la mélodie. Syd a empoigné sa guitare et s'est mis à accompagner à la perfection ce que je chantonnais. La suite d'accords qu'il a alors découverte est devenue la structure musicale d'Interstellar Overdrive. Il possédait une technique très agréable. Il n'était pas ce qu'on peut appeler un guitar-hero, il n'était pas au même niveau que Page ou Clapton par exemple."
Le culte du Floyd grandit au fur et à mesure que la créativité de Barrett trouve son rythme. Une touche très personnelle qui marie les deux formes idéales de psychédélisme anglais: un côté musical rococo et déjanté d'une part et quelques louftingues de la littérature anglaise, comme Edward Lear ou Kenneth Grahame, de l'autre. C'est bien entendu ce vieux pervers de Lewis Carroll qui préside cette rencontre au sommet. "Une nuit, je dormais dans les bois après un de mes concerts, lorsqu'une fille se présente devant moi. C'était Emily", raconte Syd en 1967, qui plane apparemment comme un cerf-volant perdu dans les nuages.
La période glorieuse dure un moment. The Piper at the Gates of Dawn et Sgt. Pepper sont enregistrés en même temps et les deux groupes se rencontrent à l'occasion pour vérifier où en est l'autre. Paul MacCartney débarque de temps en temps pour partager un joint et offrir sa bénédiction papale à The Piper..., album réussissant à capter les jaillissements de création acide de Barrett. Certains morceaux parlent de félins hallucinants, de I-ching, d'étranges fables exotiques et d'un esprit d'Albion soudainement réécrit à la peinture fluo. Un album à couper le souffle. L'atmosphère s'obscurcit seulement vers la fin, avec Bike, un avant-goût de ce qui va venir. Là, on sent des relents puants remonter de la cave. Les excentricités de Barrett commencent déjà à dépasser les bornes.
Au même moment, des choses étranges arrivent au Floyd, et plus particulièrement à Syd Barrett. See Emily Play grimpe jusqu'au Top 5, lui permettant de réaliser ses fantasmes de pop-star. La chevelure hendrixienne, les kaftans de chez Granny's, les bottes en croco et les Fender Telecaster, il n'avait qu'à demander. Mais des éléments commencent à déstabiliser le groupe. D'abord, Syd souffre de problèmes d'égo et fait des caprices de prima donna. Et puis, progressivement, le reste du groupe - Jenner et tout le monde - s'aperçoit que le mal est plus profond qu'on ne le croit. Exemple: les trois apparitions du groupe à Top of the Pops pour le morceau "See Emily Play". Jenner s'en souvient: "La première fois, s'est habillé comme une vraie pop-star. La seconde, il est arrivé en guenilles, mal rasé. La troisième, il est revenu en pop-star puis s'est habillé en clochard au moment de l'enregistrement." Tout ça à cause de John Lennon, qui vient de déclarer publiquement qu'il n'irait plus à Top of the Tops. Lennon était pour Barrett une sorte de thermomètre, grâce auquel il mesurait son impact en tant que pop-star. "Syd se plaignait constamment du fait que John Lennon possédait une maison alors que lui n'avait qu'un appartement", déclare Peter Barnes.
D'autres signes sont encore plus inquiétants. Barrett vit à l'époque avec un joli mannequin, Lynsay Horner. Mais la situation s'envenime le jour où la jeune femme frappe à la porte de Peter Jenner, portant les marques d'une bagarre sauvage. "Je n'arrivais pas à le croire. Je pensais vraiment que Syd était inoffensif, ce qu'il est au fond de lui." En fait, plusieurs rumeurs circulent sur Barrett, soupçonné d'avoir séquestré Lynsay pendant une semaine entière, ne lui fournissant qu'eau et biscuits sous la porte, pour qu'elle ne meure pas de faim. Et pour couronner le tout, le regard de Syd se fige peu à peu, fixant le vide. Un regard terrible, qui fout la trouille à tout son entourage. D'un léger mouvement, sa tête se penche en arrière et les yeux se brouillent et gonflent. Son regard semble fixer, puis pénétrer les visiteurs. Peut-être n'est-ce que les effets de la drogue, qu'il consomme dans d'effrayantes proportions. Mais pendant toute cette année 1967, Syd Barrett donne l'impression de planer totalement. Et même lorsqu'il ne se drogue pas lui-même, les personnes avec qui il vit glissent à son insu des doses dans son thé. Parmi ces "amis", les très justement dénommés Mad Sue et Mad Jack.
Un tel était peut, bien sûr, mener à un grave dérèglement mental, mais il faudrait alors se lancer dans une explication plus freudienne. Pour en arriver à la conclusion - c'est l'opinion de nombreuses personnes - que les problèmes de Syd sont dus à des traumatismes d'enfance. Le plus jeune d'une famille nombreuse, il est profondément touché, à 12 ans, par la mort soudaine de son père. Sa mère le couve alors abusivement et a peut-être oublié de lui apprendre la différence entre le monde des rêves et les exigences de la réalité. "Quand on est jeune, on est censé s'amuser. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne me suis jamais amusé moi-même, déclare Barrett lors d'une interview dans Rolling Stone à l'automne 1971. Peter Jenner: "Je pense qu'on a eu tendance à sous-estimer l'étendue de ses problèmes. Comme j'avais été professeur de sociologie, je pensais pouvoir agir comme un médiateur. Je regrette d'avoir eu des exigences envers Syd. Après "See Emily Play", on s'est tous soudain mis à penser en termes commerciaux. On a trop mis de pression sur lui pour qu'il écrive un autre tube, ce qui l'a conduit à un état paranoïaque. Même si on était adorés à Londres, les concerts en banlieue étaient atroces. Avant "See Emily Play", on nous lançait des trucs sur scène. Et après, les fans hystériques ne voulaient entendre que notre tube."
Le Floyd entame une tournée triomphale et Syd se résout à jouer le jeu. Une tournée américaine est organisée pour le mois de novembre 1967 - trois dates au Fillmore West de San Francisco et une au Cheetah Club de Los Angeles. L'état catastrophique de Syd se révèle lorsque le Floyd est forcé de participer à des émissions télévisées. Le Dick Clark's Bandstand se termine de façon désastreuse. On demande au groupe de jouer la chanson en play-back et ce jour-là, Syd n'est pas d'humeur à bouger les lèvres. Le Pat Boone Show est encore pire. Boone tente d'interviewer Syd, lui posant des questions particulièrement stupides et ne récoltant, comme unique réponse, qu'un regard de dément. "Finalement, on a annulé l'émission Beach Party", se souvient Andrew King - l'associé de Jenner pour l'organisation de cette tournée - avec une légère grimace de douleur en repensant à l'épisode. A leur retour en Angleterre, le reste du Floyd, du moins Waters et Mason, doit prendre une décision: d'un côté, Syd Barrett est le compositeur et le leader, mais d'un autre côté, ses "absences" deviennent trop lourdes à gérer...
à suivre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire